ISIS
J’épousai Isis le cinquième jour de Mai
Mais je ne pouvais pas rester auprès d’elle très longtemps
Alors je coupai mes cheveux et chevauchai sans délai
Pour une contrée sauvage et inconnue où je ne pourrais pas me tromper
J’arrivai dans un haut lieu de ténèbres et de lumière.
La ligne de séparation courait à travers le centre de la ville.
J’attachai mon poney à un piquet sur la droite.
J’entrai dans une laverie pour nettoyer mes habits.
Un homme posté à un coin m’approcha et me demanda une allumette.
Je devinai immédiatement qu’il n’était pas ordinaire.
Il dit : « Es-tu à la recherche de quelque chose de facile à attraper ? »
Je dis : « Je n’ai pas d’argent » ; il dit : « Ce n’est pas nécessaire. »
Nous nous mîmes en route pour le Nord glacial.
Je lui donnai ma couverture, il me donna sa parole.
Je dis : « Où allons-nous ? » ; il dit que nous serions rentrés le quatre.
Je dis : « C’est la meilleure nouvelle que j’ai jamais entendue. »
Je pensai à la turquoise, je pensai à l’or.
Je pensai à des diamants et au plus grand collier du monde.
Alors que nous chevauchions à travers les canyons et le froid démoniaque,
Je pensai à Isis : elle me trouvait tellement imprudent !
Elle me dit un jour que nous nous retrouverions,
Et les choses seraient différentes la prochaine fois que nous nous marierons,
Si je pouvais seulement tenir et être son ami…
Et je ne me souviens toujours pas des meilleures choses qu’elle m’ait dit.
Nous arrivions aux pyramides encastrées dans la givre.
Il dit : « Il y a un corps que j’essaie de trouver.
« Si j’arrive à le ramener, il nous sera d’un bon prix »
C’est alors que je compris ce qu’il avait vraiment en tête.
Le vent hurlait et la neige était outrageante.
Nous creusâmes toute la nuit et nous creusâmes toute la matinée.
Quand il mourut, j’espérai que ce ne serait pas contagieux
Mais j’avais déjà fait mon choix et je devais continuer.
Je pénétrai la tombe mais le cercueil était vide.
Pas de pierres précieuses, rien ! Je me sentis refait.
Je compris que mon partenaire avait seulement l’air amical…
Quand j’avais répondu à son offre, je devais être dingue !
Je pris son corps et le portai à l’intérieur.
Je le jetai dans le trou et refermai le cercueil.
Je dis une prière rapide et me sentis satisfait,
Puis je galopai à nouveau pour retrouver Isis et lui dire que je l’aimais.
Elle était dans le pré où la crique s’élevait.
Aveuglé par le sommeil et ayant besoin d’un bon lit,
Je venais de l’Est avec le soleil dans les yeux.
Je la maudis une fois puis chevauchai à nouveau.
Elle dit : « Où as-tu été ? » ; je dis : « Nulle part en particulier. »
Elle dit : « Tu as l’air changé. » ; je dis : « J’imagine bien. »
Elle dit : « Tu étais loin. » ; je dis : « C’est bien normal. »
Elle dit : « Est-ce que tu restes, cette fois ? » ; je dis : « Si tu veux bien, oui. »
Isis, oh Isis, enfant mystique
Ce qui me ramène à toi est ce qui me rend fou
Je me souviens encore la façon dont tu souriais
Au cinquième jour de Mai, sous la pluie battante.
Texte : Bob Dylan et Jacques Lévy